30 Août 2015
Jean-Claude Portella partage sa colère, avec M. Compagne délégué du personnel et Mme Chamary employée du centre, membre de l'association de défense et élue municipale : "Ce centre a pourtant été créé ici pour ses atouts environnementaux". PHOTO/ P. D.
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Une solidarité lancée en particulier vers tous ses confrères élus, toutes tendances, face à ce qu'il qualifie "d'irrationnel". J-C Portella, épaulé par les personnels est au combat.
"J'en appelle à la solidarité de tous les élus du département, en vue d'une mobilisation générale pour préserver le centre de rééducation de Cerbère", explique le maire de la Porte de France qui ne peut plus retenir sa colère.
Pour parler d'avenir, il faut connaître le passé, comment ce centre s'est-il retrouvé à Cerbère?
C'est très important. A sa création, il y a 37 ans, il était le fruit d'une volonté politique, car le déclin des activités lié aux échanges transfrontaliers était prévisible. C'était aussi le fruit d'un collège de sommités médicales qui ont fait de Cerbère un centre de référence dans la rééducation.
L'environnement était-il alors dans l'intérêt du patient ?
Sa localisation géographique n'est pas due au hasard. C'est issu d'une réflexion médicale qui accordait à l'environnement la part indispensable à une bonne qualité de rééducation des patients. Oui, le patient était alors au cœur de la préoccupation des fondateurs. Les sortir de l'environnement concentrationnaire des grands hôpitaux était un choix délibéré, au profit de ces grands accidentés de la vie.
Cela n'est plus un argument pour l'association gestionnaire ?
Aujourd'hui, les responsables ne sont plus issus du milieu médical, ils font de l'administration ou de la politique, ils ont perdu de vue l'intérêt général et l'intérêt des malades.
Ceci étant, savez-vous vraiment pourquoi on délocalise ?
C'est irrationnel tant du point de vue médical, que comptable et même politique. Cet établissement de référence fonctionne bien, il est rentable, et dispose de tous les plateaux techniques et agréments nécessaires, d'un personnel très qualifié et formé aux spécificités des pathologies lourdes soignées ici. Personne ne conteste cette réalité. Délocaliser pour aller sur un parking de l'hôpital de Perpignan, c'est de la méprise à l'égard des patients et des employés. Alors oui, nous sommes en colère.
Une délocalisation à tout de même 57 millions ?
Nous sommes dans l'incompréhension totale, pourquoi supprimer un centre qui marche bien, qui rapporte plus qu'il ne coûte ? Pourquoi demander aux contribuables de payer près de 57 millions d'euros ?
Une décision suite à la volte-face de la ministre ?
Pourquoi ? Elle écrit fin 2012 à notre député qu'elle est contre la délocalisation, puis quelques mois plus tard, elle change d'avis, sans autre concertation ? Que s'est-il passé ? Quelles sont les réelles motivations de ce retournement ?
Vous portez de graves accusations ?
On ne peut qu'écarter les raisons médicales et comptables, puisque tous les voyants sont au vert, il ne reste donc qu'une raison politique ? Ou de copinage ? On doit rappeler que les électeurs sont aussi les contribuables qui paieront les 57 millions d'euros du transfert. Les vendanges risquent fort d'être très amères au moment venu.
Que proposez-vous ?
Avec un tiers de ce budget, il y a largement de quoi réaménager la Maison d'accueil spécialisée de Banyuls, et créer comme prévu le centre d'accueil pour autiste promis à la commune de Corbère proche de l'hôpital de Thuir.
En conclusion ?
Mon combat est celui de tous les salariés et des patients, les valeurs humaines doivent gagner. Le combat ne fait que commencer. L'établissement de Cerbère est référence, il doit le rester. Nous voulons éviter des gâchis financiers, médicaux et sociaux, nous voulons éviter à notre ministre de la Santé le ridicule d'un naufrage annoncé.