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Les Enfants de Pen Bron, La Turballe

L'histoire d'un enfant au centre de pen bron (7)

J'ai ouvert mon sac pour y prendre mon billet en me précipitant, et là ,en le tirant ,il était coincé dans mon livre de grammaire , je l'ai déchiré. J'ai eu peur , mes larmes ont commencé à couler sur mes joues. J'avais en moi une peur que l'on pense que j'avais déchiré ce billet volontairement. Alors oui ,quand le père est arrivé devant moi et que mes larmes coulaient sur mes joues : le père m'a demandé ce qui se passait. Il a lu mon billet ,il m'a rassuré et m'a dit que ce n'était pas grave . Ensuite ,je suis entré avec les autres ,faire ma punition. Ce père ,là ,oui j'en suis persuadé ,il est resté dans tous les cœurs des enfants de l'école : un homme formidable. Ainsi ,pendant notre rencontre ,ce jour là ,j'étais vraiment content de le retrouver .Il m'appréciait avant ma maladie et il ne me recevait pas comme un malade , mais comme un enfant qu'il avait dans son établissement . Il voulait avoir de mes nouvelles " moi" son petit basketteur. Je me souviens ,aussi, qu'il m'avait offert deux présents . Je n'ai plus le souvenir de ce que c'était . Mais cela m'avait fait plaisir et rendu fier d'avoir un cadeau de sa part. Nous nous sommes quittés , je suis rentré chez moi ,ce jour là ,avec un sourire d'enfant heureux.

RETOUR A CLOCHEVILLE .
Quand je suis revenu de Pen Bron , mes parents ont évoqué que j'avais un rendez vous à Tours avec le professeur Glorion ...
D'après ce que j'ai compris ce rdv existait bien , seulement c'était le seul moyen de pouvoir me faire sortir du Centre . Cela faisait à peine une semaine que j'étais parti du Centre , que le mercredi matin , je reprenais la route en direction de Tours .
Notre rdv était prévu de bonne heure , donc nous avons pris la route très tôt le matin .
Et comme à chaque fois , en entrant dans la voiture , j'avais mal au coeur . Ce parfum de simili et l'odeur de tabac me rendais malade .
Je ne disais rien , mais en moi tout était barbouillé , je ne me sentais pas bien et nous n'avions pas encore roulé 3 kilomètres !!!
Pour moi , le combat était de tenir le plus longtemps sur le chemin , avant de dire à mon père que j'avais envie de vomir .
A chaque fois , je voyais son visage se crisper , je savais que ça l'énerver de s'arrêter . Mais une fois que l'on faisait un arrêt , je ne pouvais plus m'arrêter . Souvent , mon père devait faire une halte en catastrophe , j'ouvrais la portière et sortais très vite pour me soulager.
Soulager est un grand mot , car pour moi j'avais l'impression que mon coeur allait sortir de ma poitrine .
Mais là , impossible de sortir en courant comme au retour de Pen Bron car j'étais allongé sur la banquette arrière .
J'essaie de voir la route , du mieux que je peux et surtout je me retiens . La route de Tours n'a jamais été une route très bonne et tous ces petits villages font que le chemin me semble une éternité . D'ailleurs , les enfants demandent souvent " c'est encore loin ou alors on est bientôt rendu ". Moi non , car je connais le trajet et je sais où je me trouve et combien de temps il nous reste à parcourir . Et surtout , si le calvaire de la voiture va être encore long ou pas .
Souvent , une fois passé la ville de Loches , je me souviens que pour moi , le plus dur était passé et que normalement je tiendrai jusqu'à l'hôpital . Cela n'a pas toujours été le cas !!!
Nous passons la commune de Cormery , et là quelques kilomètres après sur le côté de la route , il y a un wagon qui fait restaurant et là , j'ai trop envie de vomir , je ne tiens plus . J'ai bien choisi mon endroit !!!
Je n'en peux plus , il faut s'arrêter . Une fois la voiture stoppée , j'ouvre la porte et me penche pour sortir le mal qui est en moi depuis déjà quelques kilomètres .
Là , j'ai mal à l'intérieur de moi . Tout part en une fraction de seconde . J'évacue , mais rien n'était dans mon estomac , donc la violence des spasmes qui me tord le ventre , est de plus en plus forte .
Je pousse des gémissements , j'ai trop mal . Mais cette douleur restera toujours en moi , elle ne me quittera pas , même quand je suis calmé . Elle me tenaille encore et encore !!!
Nous reprenons le peu de route qu'il nous reste à faire . Je ne dis plus un mot , même si je ne parlais pas avant .
Je ne bouge plus , ma tête est collée contre la vitre et j'essaie de rafraîchir mon front .
Ce matin c'est le marché , comme tous les mercredis et à chaque fois , il est impossible de nous garer.
Il faut tourner sue le boulevard , chercher et attendre . Pour une fois , nous avons de la chance , une place est libre et en plus pas loin de l'entrée de Clocheville .
Mon père va mettre de l'argent dans l'horodateur , mais à quoi bon !!! Il sait qu'entre le temps d'attente , la consultation ,l'auscultation et les radios , il risque de se prendre une contravention . Il râle un peu ...
Il ouvre le coffre de la 204 pour sortir mon fauteuil . Une fois installé , nous prenons le chemin de l'hôpital et ensuite nous nous dirigeons au 1er étage . La salle d'attente est pleine d'enfants et de parents .
Mes parents vont à l'accueil et moi , je suis là dans mon fauteuil à regarder les autres enfants : certains sont plâtrés , d'autres en fauteuil comme moi et quelques uns sont assis à une table et jouent . Des jouets sont mis à notre disposition , mais moi , jamais
je n'ai touché un seul d'eux . Non , j'étais trop grand pour jouer à ces jeux là . Il y avait aussi des livres , mais je n'ai pas envie de lire . J'ai juste envie que mon tour arrive vite , très vite !!! Après je pourrai rentrer chez moi .
Ma mère me dit une nouvelle fois , que si l'on me parle de Pen Bron : je dois répondre que je ne veux pas y retourner , que cet endroit n'est pas bien , et que les soeurs ne sont pas sympas ( et encore je suis gentil , ce n'est pas le mot exact ).
Ne pas retourner à Pen Bron !!! Bien sûr que je veux rester chez moi avec ma famille . Mais franchement , depuis mon retour , je suis et je me sens bien seul . Ma tante a repris le travail et les journées sont longues , même très longues , tout seul à la maison .
Le matin ,je descends dans la salle à manger . On a installé , parterre , mon tourne disque et quelques disques m'appartenant et aussi ceux que mon oncle Michel m'a prêté : des disques de Johnny Halliday. Il y a un disque que j'écoute en boucle : c'est celui du chanteur René Joly .
Je me souviens encore de sa pochette jaune et du titre " chimène ". Je l'écoute à longueur de journée , sans arrêt .
Je regarde aussi la télévision . Voilà à quoi ressemblent mes journées à la maison : écouter de la musique et regarder la télévision !!!
Mes parents travaillent , mes oncles et tantes aussi . Patou , ma tante et mon frère , eux vont à l'école . Je vais pas dire " la chance " , mais si quand même car ils sortent tous de la maison dans la journée , et moi , je suis là assis parterre à longueur de temps.
Alors , OUI , Pen Bron , j'y étais beaucoup mieux qu'ici .
Après de longues minutes , la secrétaire appelle notre nom , enfin le mien , c'est moi le patient . J'avais hâte de rentrer derrièrecette porte où se tient le bureau du professeur . Mais là , j'ai quand même la frousse d'y aller . Mon père pousse mon fauteuil roulant , j'aurai pû le faire tout seul , mais mes mains n'arrivent pas à faire tourner les roues du fauteuil , j'ai la trouille et je perds tous mes moyens .
Ca y est , me voilà devant le professeur Glorion . Il est toujours aussi grand et impressionnant ( comme si , le temps avait pu le rétrécir :n'importe quoi ). Il est là ; immense , dans sa blouse blanche et son pantalon à pinces . Il nous salue et se dirige vers moi . Comme tous les
enfants qui l'ont croisé , je pense que nous avons tous eu la même sensation et impression de Gulliver . Oui , je pense qu'il n'y a pas plus grand que ce Monsieur là .
Il me sourit , me demande comment je vais et me regarde un peu sous toutes les coutures . Il palpe mes jambes , me sourit à nouveau et me dit : "Bon , tu vas aller passer des radios et on se voit tout à l'heure " . Nous prenons la feuille pour le service de radiologie et nous filons en direction de la salle d'attente du service . Une nouvelle fois , il faudra attendre encore son tour !!!
La salle est encore plus remplie que la première . Je vois parfois mon père perdre patience . Je peux le comprendre .
C'est vrai que le jeu des " je m'assois , j'attends mon tour " sont très longs .Et le service des radios , est celui où tout le monde se retrouve .
En effet , on vient tous pour des pathologies différentes . Alors oui , en radiologie , ça ne chôme pas de toute la journée . Il y a beaucoup  de travail . Les radiologues travaillent sans cesse , ils prennent des photos du squelette , nous traquent la moindre parcelle avec leurs rayons .
Vloilà , on m'appelle et là , l'infirmière se dirige vers moi avec un sourire : allez zou , on y va .
Vous devez tous connaître le rituel : tu te déshabilles et tu attends dans la petite cabine . Mais là , l'avantage , c'est que l'on rentre directement dans la salle car les cabines sont trop petites pour nos chariots et donc ça va plus vite .
Je suis installé sur la table , en slip , mes pieds rentrés vers l'intérieur . Une voix me dit " ne bouges plus , ne respires plus ".
La machine se met en route et les clichés sont pris . Encore quelques radios et ensuite on me demande d'attendre tranquillement afin de voir si elles ont bien été faites . Ensuite , je peux me rhabiller , on me donne mes radios et on me ramène à mes parents pour retourner voir le professeur Glorion .
Il faut savoir être patient et je me répète , cela n'est pas donné à tout le monde : et surtout pour deux qui vous accompagnent .
Mon père n'a qu'une envie , c'est de partir . Il ne dit rien , mais je le vois dans son regard et son comportement .
Ma mère aussi perd patience les jours de rendez vous avec le médecin , mais elle arrive à reprendre son rôle de mère . J'aurai peut être dû rester à Pen Bron , du coup !!!
Je vois ma mère regarder mon père avec colère , il s'impatiente et je ressens sa lassitude , son ennui .
Décidément , ma maladie n'amène pas le bonheur , loin de là !!!
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A
beaucoup trop de traumatisme ;de peur et de vexation dont un enfant de cet age a du mal a se remettre Tu es fort tu t en es sorti :meme des fois tu es encore en souffrance par rapport a tout ce passé qui malgré tout sera toujours présent Quand a pen bron endroit gravé a jamais
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