1 Avril 2017
PRÉSIDENTIELLE 2017. En 2015, la MDPH a diminué quasiment par quatre le nombre d’heures d’aides humaines dont bénéficiait Sarah Salmona. En cause, un nouveau mode d’évaluation des besoins, minute par minute. Depuis, le principe du chronométrage a été abandonné… mais pas l’ambition de mieux maîtriser les dépenses.
Sarah Salmona avait droit à huit heures d’aide humaine par jour. Elle doit désormais se contenter de 2 heures 22. En septembre 2015, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) des Yvelines a drastiquement revu à la baisse la prestation de compensation du handicap de cette trentenaire, myopathe.
« La MDPH a supprimé 80 % de mes aides humaines alors même que mes capacités physiques se sont dégradées sur le plan respiratoire, insiste-t-elle. Je suis redevenue une enfant à charge pour mes parents. Ils ont dû financer des heures supplémentaires pour me permettre de continuer à aller travailler, à rester seule dans l’appartement. Et puis ils viennent quotidiennement pour m’aider. »
Sarah Salmona a été victime de la mise en œuvre d’un nouveau mode d’évaluation des besoins. Le Guide PCH aide humaine, publié en 2013 par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (Cnsa), propose aux équipes pluridisciplinaire des temps moyens. Exemples : 2 minutes et 30 secondes pour le lavage des dents, 22 minutes pour le déjeuner, etc. Il indique également des fréquences. Se brosser les dents ? C’est deux fois par jour. Se laver les cheveux ? Deux fois par semaine.
Sous la pression des associations, notamment de la Coordination handicap et autonomie (CHA), la Cnsa a publié une version amendée du guide, début mars. Elle y a supprimé le principe du minutage de chacun des actes quotidiens, comme Faire Face l’annonçait début février. Mais pour Sarah Salmona et d’autres allocataires, le mal est fait.
Et ce nouvel outil est loin d’apaiser toutes les craintes. « Il apparait plus comme la recherche d’un moyen pour maitriser les dépenses engagées qu’une méthode pour répondre aux besoins individuels de chaque demandeur, souligne la CHA. La volonté d’uniformiser les pratiques engendre un risque de standardisation, de nivellement par le bas au détriment des personnes concernées. » Comme le précise Sarah Salmona, « on est tous différents, avec des besoins différents ». Franck Seuret
http://www.faire-face.fr/2017/03/31/presidentielle-2017-aide-humaine/